Chartes médiévales

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« Acte juridique rédigé dans les formes requises pour lui donner validité, et dont l'expédition était destinée à être conservée dans les archives du destinataire » (Robert-Henri Bautier), la charte médiévale, scellée ou non, fut un titre de preuve dont la conservation requérait les plus grandes attentions de la part de son bénéficiaire. Conservées dans un chartrier, le cas échéant transcrites dans des cartulaires, les chartes ont constitué le cœur du trésor archivistique et juridique des institutions, qu’elles soient seigneuriales, laïques, ou ecclésiastiques. 
 

Si la plupart des chartes médiévales conservées sont aujourd'hui rassemblées dans les dépôts d’archives, nombre d’entre elles se sont également retrouvées en bibliothèques, isolées ou bien réunies au sein de collections. L’abbaye cistercienne de Chaalis, fondée au XIIe siècle, avait conservé son chartrier médiéval, qui fit en 1776 l’objet d’un classement, et d’une campagne de reliure des chartes en volumes. Il fut dispersé à la Révolution, mais douze volumes, couvrant plusieurs parties du foncier de l’ancienne abbaye, y retournèrent par voie de don, en 1912 et 1913, alors que Chaalis, désormais sécularisée, avait été confiée à l’Institut de France. D’une grande amplitude chronologique, puisque les chartes sont datées de 1150 à 1589, cet ensemble couvre l’essentiel du domaine de l’abbaye : il comprend des actes émis par les évêques de Senlis, de Beauvais ou de Meaux, par les abbés de Saint-Denis ou de Saint-Vaast d’Arras, par les doyens de plusieurs chapitres, par nombre de seigneurs et grands féodaux (comtes de Clermont, de Blois) et même quelques rois de France (Philippe III et Philippe IV le Bel). Ce chartrier recomposé documente le patrimoine foncier et la vie économique de l’abbaye, mais aussi la manière dont les pouvoirs laïcs et ecclésiastiques interagissaient dans un espace particulier, en l’occurrence le Valois et le Beauvaisis.  

La bibliothèque de l’Institut et la bibliothèque Mazarine conservent également plusieurs chartes, qu’elles aient été prospectées par des collectionneurs – ainsi des savants historiographes de la famille Godefroy aux XVIe et XVIIe siècles – ou bien réemployées, en général sous forme de fragments, pour servir à la réalisation de reliures de parchemin. 

Une part importante de ces chartes sont accompagnées de sceaux. 

 

vignette : Charte de Henry, évêque de Senlis, à propos de l'échange entre les religieux de Chaalis et Evrard de Borest, Manuscrits du Musée Jacquemart-André à Chaalis, Ms 4528-1/7

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